La crise de la COVID-19 a contraint de nombreux pays à prendre des mesures drastiques, dont le confinement. Au cours de cet enfermement brutal, il a été constaté une augmentation considérable des habitudes à risques addictifs.
Le retour à la « normalité » a permis au plus grand nombre de revenir à des consommations raisonnées et raisonnables. Mais qu’en est-il des plus vulnérables, des plus traumatisés ? Ceux qui ont vu leur équilibre chamboulé entre abus et addiction ? Ceux qui ont sombré au cours de cette crise dans une consommation addictive de produits, d’écrans, de jeux ou encore d’alcool? Ce rôle de repérage, n’est-il pas, au même titre que les organismes de santé, celui des entreprises vis-à-vis de leurs salariés ?
Le confinement a déséquilibré de façon brutale nos habitudes de vie et nos relations aux autres. Cette période charnière, chacun d’entre nous l’a vécu différemment, mais nos ressentis se regroupent autour de nombreuses similitudes : ennui, perte de repaires, allongement du temps, rupture avec le quotidien, sensation d’étouffement ou de perte de liberté, impression de solitude et d’isolement.
Dans ce même temps nous avons été soumis à des émotions extrêmement négatives. Le stress, la peur de la maladie et de la mort, la crainte de manquer de nourriture ou de produits de premières nécessités et les incertitudes sur les retombées économiques. Nous avons subis un flot continu d’informations extrêmement anxiogènes et pessimistes. Enfin, nous avons dû nous adapter brutalement à des conditions de vie inédites, à une promiscuité familiale et à une imbrication constante entre télétravail, tâches ménagères et garde des enfants.
Une augmentation des comportements addictifs
Pour faire face à cette nouvelle donne et au stress que cette situation a engendré, nous avons mis en place différentes stratégies adaptatives. La consommation addictive en fait partie : les différentes études menées durant le confinement témoignent d’une augmentation importante de la consommation d’alcool, de tabac, de nourriture grasse et de substances psychoactives (drogues, médicaments).
Le temps passé sur les écrans a lui aussi fortement progressé. En particulier avec les jeux vidéos, les réseaux sociaux ou les séries proposées par les plateformes de streaming comme Netflix ou Canal plus. Cette amplification s’est avérée encore plus importante quand l’environnement social poussait à la consommation, comme un conjoint fumeur ou l’habitude des apéros devenus apéro-vidéo pour la circonstance.
Un risque non négligeable pour l’entreprise
Pour la plupart d’entre nous, la fin du confinement a permis un retour à la normale et les mauvaises habitudes ont fait place à des consommations plus modérées. Mais si ce retour à la normale s’est effectué correctement pour la grande majorité des Français, certains plus vulnérables ont vu leur équilibre de vie complètement chamboulé et peinent aujourd’hui à revenir à la normale. Plus particulièrement toutes ces populations déjà sur le fil du rasoir, dont le travail et sa socialisation les maintenaient la tête hors de l’eau. Ceux pour qui le travail régulait et endiguait une consommation difficilement contrôlable.
Ces personnes là ont du mal aujourd’hui à revenir dans une consommation raisonnable et le télétravail, en les isolant chez elles, ne fait rien pour arranger les choses.
C’est un risque que les entreprises ne peuvent négliger. Pour celles qui ont déjà pris des mesures de prévention, il va leur falloir redoubler de vigilance sur les signaux faibles et les signaux d’alerte. Pour les autres, il est temps d’apporter des solutions à cette problématique : les problèmes d’addictions n’arrivent pas que chez les autres.
Nous rentrons dans une période où il va falloir s’occuper de toutes ces personnes en détresse addictives. Le confinement a non seulement joué sur leur santé, leur vie sociale mais également sur leur comportement au travail.