Hyper connexion en entreprise : tous accros à nos Smartphones ?


Que ce soit à la maison ou au travail, le Smartphone nous accompagne partout. Pourtant, il arrive qu’il puisse devenir envahissant au point de nous gâcher la vie. Selon le rapport Digital Annuel 2019, nous passons presque 6 heures par jour sur internet et posons nos doigts sur notre Smartphone en moyenne 2617 fois par jour. Vingt-ans après leur apparition, nous commençons à peine à découvrir leurs effets néfastes sur la santé de ses utilisateurs : troubles du sommeil, baisse de la concentration, stress, hyper connexion et addiction.…

Dans la vie en entreprise, l’usage du Smartphone n’est pas toujours bien règlementé. Si une utilisation « raisonnable » est en général préconisée, la réalité est tout autre : de nombreux comportements déviants peuvent apparaître et nuire considérablement à la productivité de l’entreprise et à la sécurité des salariés. Malgré la mise en place d’un encadrement strict de l’accès à internet dans les sociétés, la libre utilisation des Smartphones et des tablettes permet d’avoir toujours accès à la toile sans être le moins du monde inquiété ou sanctionné. Les nouvelles technologies et la mise en place d’applications de plus en plus séduisantes ont crées de nouvelles addictions comme la cyber-dépendance et l’hyper connexion.

Internet, une béquille face aux problèmes du quotidien

Ces troubles psychologiques consistent à ne pas pouvoir s’empêcher de se connecter à Internet. Le but recherché est de ressentir du plaisir ou de pallier des émotions négatives comme le stress, l’ennui, la solitude ou les tensions interpersonnelles. En effet, se connecter à Internet répond à un besoin fondamental, celui d’éviter la sensation de vide et de solitude en la remplaçant par un sentiment agréable de lien aux autres et d’appartenance à un groupe. Comme toute addiction, la cyber-dépendance n’est qu’une échappatoire aux problèmes du quotidien, une béquille qui permet de surmonter le stress inhérent à la vie et le cortège d’émotions négatives qui l’accompagne.

Une addiction qui génère des risques dans l’entreprise

Comme une drogue, la connexion Internet donne la sensation d’un mieux être, d’une plénitude qui ne dure que le temps de la connexion et nécessite de recommencer encore et encore. Les études les plus optimistes montrent que 6 à 8% des internautes français seraient dépendants, celles plus pessimistes annoncent 12 à 15%. Si ces derniers chiffres sont exacts, la cyber-dépendance serait en train de devenir l’addiction la plus répandue dans le pays en dépassant la toxicomanie (4%) et l’alcoolisme (10%). Les entreprises sont de plus en plus touchées par ces pratiques car la cyber-addiction et l’hyper connexion ne s’arrêtent pas à leurs portes mais envahissent petit à petit le champ du travail en modifiant subrepticement le comportement des salariés. Les exemples sont pléthores :

  • Risque d’accident mortel pour lire ses mails, ses messages tout en conduisant ou en manipulant des machines ou produits dangereux.
  • Passer du temps sur les réseaux sociaux à des fins personnelles pendant son temps de travail, mentir et se cacher pour pouvoir le faire.
  • Surfer sur le net au lieu de profiter du temps du repos, sans sortir de l’entreprise pour se ressourcer et rencontrer des personnes non virtuels comme ses collègues ou ses amis.
  • Répondre aux sollicitations galopantes des notifications, des appels, des sms ou des mails et se retrouver submerger par cette veille permanente que permet internet, et risquer alors le burn-out.

Diaboliser le Smartphone, est-ce une bonne solution ?

Certaines entreprises et notamment celles qui ont déjà frôlé l’accident ont décidé d’interdire l’utilisation des Smartphones sur le lieu de travail. Mais des mesures aussi radicales sont-elles durablement efficaces ?

Je ne pense pas que nous puisions revenir en arrière, mais nous pouvons comprendre les mécanismes psychologiques et les enjeux commerciaux qui se jouent derrière cette addiction et apprendre à nous en protéger. Comme pour toute acquisition d’une nouvelle compétence, il faut apprendre et se former. Il convient donc de mettre en place dans les entreprises des formations et des sensibilisations qui apporteront aux salariés les outils nécessaires à une prise de conscience. Comprendre les mécanismes qui peuvent rendre accro permet de reprendre le pouvoir sur les Smartphones et donner les clés d’une utilisation saine et maîtrisée. Ce genre de formation doit aujourd’hui s’intégrer de façon impérative dans une politique de prévention globale des risques en entreprise.


A propos de de Marina Quénard

Fondatrice et dirigeante d'Addict Conseil, j'aide et je conseille les professionnels pour gérer les addictions et les risques psychosociaux au travail.

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